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Distribution de produits phytosanitaires destinés aux amateurs Fini le libre-service pour les phytos en jardineries

Les distributeurs vont devoir retirer de la vente en libre-service les produits phytos pour les amateurs, hors biocontrôle, au 1er janvier 2017. D'ici là, la loi leur demande d'engager un programme de retrait. Le point sur les solutions envisagées dans les jardineries.

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C'est une petite révolution qui s'annonce dans les jardins : les produits phytosanitaires, hors UAB (utilisable en agriculture bio) et de biocontrôle, c'est bientôt fini. En résumé, à partir du 1er janvier 2017, les produits de protection des plantes (hors biocontrôle, mais y compris UAB) devront être retirés de la vente en libre-service. Le biocontrôle restera en libre-service. Et au 1er janvier 2019, les produits de synthèse seront interdits, les UAB resteront en vente assistée, et ceux de biocontrôle en libre-service. Des délais beaucoup trop courts, d'après l'UPJ (union des entreprises pour la protection des jardins et des espaces publics), qui estime que le jardinage amateur en France représente dix-sept millions de personnes et qu'il y a 1,35 Mha de jardins. Ensemble, les secteurs du jardin amateur et professionnel (espaces verts, voies ferrées, terrains de sport...) pèseraient 5 % du marché phytos français. Et actuellement, les produits UAB et de biocontrôle ne représenteraient que 14 %, en valeur et en volume, du marché phytos jardin amateur. Cela dit, la croissance est estimée à 10-15 % chaque année, et l'interdiction à venir devrait booster l'arrivée d'innovations.

Obligation de passer par un vendeur

Entre le 1er janvier 2016 et le 1er janvier 2017, les distributeurs sont tenus d'expérimenter le retrait de la vente en libre-service. Ainsi, sauf pour les produits de biocontrôle, les clients seront obligés de faire appel à un vendeur, qui avant de leur délivrer le produit, se doit de les informer sur les méthodes alternatives. « Accompagner les clients nous semble une bonne idée, estime Carole Fischel, chef de marché Jardin-végétal, chez InVivo Grand public (magasins Gamm vert et Delbard). Le fait de devoir passer par un vendeur est plutôt une chance. Avec l'agrément phytos, nous étions déjà dans l'obligation de proposer des alternatives. C'est une contrainte, certes, mais il faut la transformer en opportunité, pour améliorer le service que l'on rend à nos clients. » Pour les jardineries, la nouvelle réglementation va nécessiter une réorganisation des rayons, et une potentielle baisse du chiffre d'affaires. En octobre dernier dans nos colonnes, Jean-Pierre Dassieu, à la tête d'InVivo Grand public, chiffrait avec la vente assistée « une baisse de 3 à 6 % du chiffre d'affaires, selon les magasins, et une baisse de la marge brute entre 4 et 7 % ». Avec un impact sur la fréquentation des points de vente, les produits concernés générant du trafic. D'autres acteurs sont plus optimistes, comme Jean-Philippe Martin, chef produit jardin, chez France Rurale : « On estime que l'on ne devrait pas trop perdre en chiffre d'affaires, avec un report de clientèle. » Ces produits ne sont pas vendus uniquement dans des magasins spécialisés, mais aussi en grandes surfaces, ou dans des magasins de bricolage. Ces derniers vont-ils continuer à distribuer des produits de protection des plantes, avec ces nouvelles obligations ? Les décisions sont en cours et le marché pourrait bouger. « La plupart des GMS devraient faire le nécessaire, estime Guillaume Roth, président de l'UPJ et DG France de The Scotts company. Même si cela pèse peu dans leur chiffre d'affaires, arrêter leur distribution signifie une baisse de fréquentation du rayon bricolage. » En tout cas, pour 2017, deux solutions sont envisagées dans les points de vente : la mise en place d'un comptoir ou d'une armoire, ou vitrine, fermée. « Pour l'instant, c'est plutôt la vente au comptoir près des caisses qui est envisagée, note Jean-Marc Missaire, chez Kiriel. Les vitrines sous clés nécessitent un investissement important, à amortir sur une durée relativement courte. » Les prix au mètre linéaire pour les vitrines tournent autour de 400 €.

æBien former les équipes

Bien former les équipes pour informer les clients

Jean-Philippe Martin, chez France Rurale, évoque plus des armoires fermées, vu la petite taille des magasins. Autre chantier : former les équipes, « pour qu'elles puissent expliquer au jardinier amateur l'intérêt d'utiliser des produits naturels, précise Jean-Marc Missaire. Il va falloir beaucoup de pédagogie ». En tout cas, d'ici le 1er janvier 2019, il reste de nombreuses questions : « Que faire des produits interdits après le 1er janvier 2019 ? Quid des achats sur internet ? Sans compter des impacts possibles encore inconnus. Par exemple, va-t-on avoir une baisse des ventes de végétaux, et des gazons qui vont disparaître en l'absence de solutions antimousse ? », s'interroge Carole Fischel.

Marion Coisne

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